Le Web3 : définition et histoire
Des tout premiers sites aux réseaux sociaux, en passant par les dApps, découvre ce que la nouvelle évolution du web te réserve. Apprends aussi à différencier web 3.0 et web3.

Luca
14 minutes de lecture
·

À venir dans cet article
Le web3.
Tu en as forcément entendu parler.
D'autant plus vu le blog que tu consultes en ce moment même.
Dans ce nouvel article de Culture Crypto, tu vas découvrir :
- ce qu'est le web3
- l'histoire du web3 et de ses précédentes versions
- quelques perspectives d'avenir liées à l'adoption progressive du web3.
Commençons avec sa définition.
Définition #
Le web3, souvent appelé web décentralisé, est une nouvelle évolution d'internet.
Dans cette ère, la propriété qu'ont les utilisateurs de leurs données est replacée au centre des priorités.
Cette évolution du web vise à réduire au maximum le contrôle que des acteurs centralisés (tels que Facebook, Google et consorts) peuvent exercer sur leurs utilisateurs.
Les applications décentralisées font partie des principaux outils utilisés pour rendre cette vision possible.
Gavin Wood est une des premières personnes à avoir utilisé le terme web3. Plus que cela, il a surtout participé à sa démocratisation.
Ayant co-fondé Ethereum, Polkadot , Kusama et bien d'autres initiatives du web3, Gavin est un nom de cet écosystème à absolument retenir.
Retiens aussi que la notion de web3 recouvre plusieurs facettes.
Si bien qu'avant de pouvoir facilement toutes les assimiler, il est bénéfique de faire un court retour dans le passé.
Un peu d'histoire #
Pour comprendre ce qu'est le web3 et en quoi il diffère des versions qui l'ont précédé, il te faut avoir une bonne idée de celles-ci.
Voici donc un récapitulatif des évolutions d'internet depuis sa création.
Le web 1.0 #
Apparu en 1990 avec l'émergence des tout premiers sites internet, le web 1.0 est ce que l'on appelle le web statique.
Avec cette version du web, absolument tout est nouveau.
Les sites internet représentent un média que personne n'a connu auparavant. Leurs fonctionnalités se limitent simplement à être consultable.
Néanmoins, c'est une immense avancée.
On voit apparaître les moteurs de recherches. Grâce à ces derniers, il n'est plus nécessaire de recourir à des bouquins, des journaux ou encore à devoir se rendre en bibliothèque.
Les actualités deviennent également consultables en ligne. On peut se passer de plus en plus des fameux journaux papiers.
C'est à ce moment également qu'apparaissent les emails.
À cette époque, on ne peut toutefois pas encore :
- interagir avec d'autres utilisateurs
- publier du contenu soi-même.
La principale caractérisique de cette ère du web est qu'internet est en lecture seule.
Ce sont principalement les développeurs (personnes en capacité de créer des sites internet) qui peuvent mettre à jour le contenu publié sur les sites de cette époque.
Les différents noms donnés à cette version du web sont :
- le web statique
- le web en lecture seule.
Et c'est entre 1999 et 2004 qu'internet connu sa première grande évolution.
Le web 2.0 #
Le web dans sa deuxième version.
Celle-ci rend possible la création, la réception et même la publication de contenu. Les développeurs ne sont ainsi plus les seuls à être en mesure de modifier les données inscrites sur les sites internet.
C'est là que Wikipédia, MSN , Skype, YouTube, Facebook, Twitter et consorts naissent.
C'est principalement le web que tu connais encore à ce jour (en 2025).
Grâce au web 2.0, les internautes peuvent désormais publier des vidéos, discuter en temps réel par texte ou en visio, créer des blogs sans compétences techniques, etc.
À cette époque, on ne peut toutefois pas encore :
- décider de l'accès à nos données avec un haut niveau de granularité
- être seul propriétaire du contenu que l'on produit et publie
- certifier l'authenticité d'une création numérique.
Cette ère fait progresser internet en lecture-écriture. Le web devient participatif.
Les utilisateurs peuvent contribuer leurs idées et contenus sur de nombreuses plateformes et apprécier le résultat immédiatement.
Toutefois, au fil des années, on a fini par réaliser que ce que l'on produit ne nous appartient pas.
Nos tweets sont détenus par Twitter.
Nos emails par Google ou Microsoft (ou encore Yahoo).
Les messages que l'on envoie grâce à Messenger appartiennent à
Meta
.
Tu comprends la logique.
Ce principe de fonctionnement peut s'appliquer à (très probablement) l'intégralité des services que l'on utilise.
Et c'est en réalisant cela que la nécessité d'une évolution d'internet s'est dessinée.
Les différents noms donnés à cette version du web sont :
- le web dynamique
- le web collaboratif (aussi participatif).
Tout naturellement, c'est suite à cette période que notre cher web3 est apparu.
Le web3 #
À cette ère d'internet, la décentralisation est le maître-mot.
Bien évidemment, c'est avec cette évolution du web que l'on voit apparaître les cryptomonnaies, mais plus important encore, la technologie qui permet leur existence : la blockchain.
Et c'est en disposant de cette dernière que la suite devient possible.
Réseaux sociaux décentralisés, systèmes de paiement décentralisés, protocoles de messagerie décentralisés.
Les services les plus utilisés sur internet depuis lors sont revisités et repensés. Cette fois-ci, l'accent est mis sur la sécurité et la confidentialité des données des utilisateurs.
À l'ère du web 2.0, les plateformes étaient propriétaires des données générées par leur utilisation. Avec les avancées du web3, les utilisateurs peuvent enfin les détenir eux-même. (Et cette fois-ci complètement !)
Les différents noms donnés à cette version du web sont :
- le web décentralisé
- l'internet de la propriété.
Tu remarqueras que "le web sémantique" ne fait pas partie de cette liste.
En effet, une importante nuance subsiste.
Jusque-là, c'est bien le web3 que je décrivais et non le web 3.0.
L'utilisation de ces différentes notations implique des différences de sens que tu vas découvrir dans la partie suivante.
La confusion entre web3 et web 3.0 #
Sache qu'en fonction du contexte, ces deux termes diffèrent quelque peu.
Le Journal du Coin explique dans son encyclopédie que la terminaison en .0 est un style en "référence aux notations employées pour désigner l'évolution des programmes informatiques."
Mais ce n'est pas totalement ça.
Dans le cas du web3 et du web 3.0, il y a de véritables différences de sens.
Principes du web 3.0 #
Le web 3.0 est une vision d'internet enfantée par Tim Berners-Lee (créateur du World Wide Web). Avec celle-ci, internet se veut comme étant "sémantique et connecté".
C'est-à-dire que c'est un internet où les données seraient davantage :
- accessibles et transférables entre différentes applications ;
- utilisées et traitées automatiquement pour créer de nouvelles connaissances.
C'est un peu comme si le web créait lui-même de nouvelles données en interprêtant celles dont il disposait déjà.
D'où la notion de web sémantique.
L'accent est donc bien mis sur les données, leur transmission et leur interprétation.
Les technologies utilisées au sein du web 3.0 sont, par conséquent, principalement axées sur la facilitation des communications intersystèmes et du requêtage des données (tels que SPARQL , WOL pour Web Ontology Language, ou encore SKOS ).
C'est lorsque l'on parle de web 3.0 — et uniquement dans ce cas — que cette version du web peut être qualifiée de web sémantique.
Le web3, lui, est fondamentalement différent.
Principes du web3 #
La perspective ici est toute autre.
Pour rappel, c'est Gavin Wood qui est à son origine. C'est donc tout naturellement que les aspects de décentralisation, de blockchain et de cryptomonnaies sont davantage présents.
Le web3 se veut incarner un web où l'on peut apprécier :
- une réduction (voire suppression) de la censure
- un meilleur contrôle de ses propres données
- une plus grande confidentialité pour celles-ci
- une augmentation de la transparence des systèmes (notamment financiers).
Tout cela est rendu possible par la décentralisation que la blockchain offre.
Cependant, comme le faisait remarquer très justement le Journal du Coin dans l'article cité précédemment, la notion de web3 en elle-même reste floue.
La majorité des acteurs du secteur ne semble pas encore d'accord sur une définition claire et uniforme du terme, d'autant plus que ce domaine est sujet à ses propres évolutions.
La distinction web3 / web 3.0 est donc parfois ignorée — voire tout bonnement méconnue.
Retiens toutefois qu'elle existe bel et bien.
Internet post-web3 #
Maintenant... qu'attendre d'internet une fois le web3 pleinement en place ?
Visuellement, il sera très similaire.
C'est en interne qu'il changera le plus.
Petit à petit, tu devrais observer l'émergence de copies conformes aux services que tu utilises quotidiennement mais en version décentralisée.
Réseaux sociaux décentralisés, services d'envoi d'emails décentralisés, sites de création de blogs décentralisées, jeux vidéos aux actifs davantage décentralisés (notamment grâce à la GameFi).
La prochaine version du web promet de nombreuses avancées.
Explorons quelques exemples d'applications de cette nouvelle ère qui ont déjà vu le jour et qui donnent un bon avant-goût d'internet dans sa phase post-web3.
Les réseaux sociaux décentralisés #
a) Bluesky

Ce réseau social a connu une forte traction en fin 2024.
En l'espace de trois mois, le nombre d'inscrits à Bluesky a plus que doublé : passant de 10 millions à près de 25 millions d'utilisateurs.
Extrêmement similaire à Twitter visuellement, Bluesky diffère de part ses fondations.
Il est construit sur le protocole AT qui vise notamment à améliorer la portabilité des données utilisateurs — traditionnellement un challenge pour les protocoles décentralisés.
Il permet donc théoriquement à des serveurs indépendants de stocker et contrôler le contenu des utilisateurs.
Bluesky est toutefois partiellement décentralisé.
En effet, bien qu'il souhaite tendre vers la décentralisation, son implémentation reste pour le moment majoritairement centralisée.
Le contenu généré par les utilisateurs est sauvegardé sur l'infrastructure de Bluesky et les options d'exportation de données ou de sélection de différents hébergeurs sont pour le moment restreintes.
Seul l'avenir saura nous indiquer si la tentative de décentralisation de Bluesky s'avérera fructueuse ou non.
Si tu souhaites lire une explication technique détaillée de l'architecture de Bluesky, consulte cet article de SoftwareMill.
b) Mastodon

Cet autre réseau social (plus ancien que Bluesky) était un des premiers de ce genre à profiter d'un certain momentum.
Mastodon a vu le jour en 2016. À son pic, il comptait plus de 2,5 millions d'utilisateurs pour finalement se stabiliser autour des 900 000 en avril 2024.
À l'inverse de Bluesky, Mastodon est entièrement décentralisé.
Un point notable dû à cela : l'assignation d'un nom d'utilisateur.
Sur Mastodon, tu dois choisir le serveur dans lequel tu souhaites évoluer. Une fois ce choix effectué, le nom du serveur sera automatiquement ajouté à la fin de ton pseudonyme.
Par exemple, si tu décides de t'appeller
@professeurweb3
et que tu rejoins le serveur (le plus peuplé) nommé
mastodon.social
alors ton nom d'utilisateur complet sera :
Ce choix d'architecture technique est la raison pour laquelle sur Mastodon il est possible pour deux utilisateurs différents d'avoir le même pseudonyme (à condition qu'ils soient sur des serveurs distincts).
Tu peux trouver la liste des serveurs Mastodon rejoignables à cette adresse .
c) Steemit

Lancé en 2014, Steemit est l'un des réseaux sociaux décentralisés les plus anciens en plus d'être une plateforme de blogging.
Les utilisateurs peuvent recevoir des STEEM en postant des articles de leur création ou en commentant. Le fait de like un article permet aussi à son créateur de recevoir des récompenses.
Après un certain engouement dans ses premières années d'activité, le réseau social semble avoir connu un déclin d'audience et ne compterait aujourd'hui qu'une dizaine de milliers d'utilisateurs actifs.
Maintenir un nombre conséquent d'utilisateurs réellement actifs reste un des défis majeurs de tout réseau social — décentralisé ou pas d'ailleurs.
Jeux vidéos #
a) The Sandbox

The Sandbox propose un monde virtuel décentralisé dans lequel les joueurs peuvent :
- détenir, vendre et louer des parcelles de terrains ;
- organiser des événements sur ces parcelles ;
- et plus encore.
Le nombre total de parcelles est de 166 464.
Plus de 70 % d'entre elles sont disponibles à l'achat pour quiconque souhaite en posséder. Le reste est généralement réservé par les développeurs du jeu pour des événements ou pour certains VIPs.
L'élément majeur qui fait de The Sandbox un jeu décentralisé vient du fait que les actifs utilisables en jeu sont accessibles même en dehors de celui-ci.
Tu peux acheter et vendre des terrains directement sur OpenSea ou toute autre marketplace de NFTs où les terrains sont listés.
Ce n'est pas tout.
Si tu as l'âme d'un créateur, tu peux télécharger et essayer VoxEdit . C'est un logiciel qui te permet de créer des ressources (costumes, objets, décors et autres) qui sont utilisables dans le jeu.
Ces mêmes ressources peuvent ensuite être distribuées et vendues sur la marketplace de The Sandbox.
Tu l'auras deviné, toute ressource que tu crées devient en réalité un NFT.
b) Axie Infinity

Axie Infinity est un jeu de cartes stratégique couplé à un mécanisme d'élevage de créatures (les Axies).
Les Axies sont aussi implémentés grâce à des NFTs. Ils sont échangeables en-dehors du jeu et possèdent donc une réelle valeur.
En février 2021, le jeu a même décroché le record de la plus haute valorisation pour la vente d'un NFT .
Une transaction de 888.25 ETH, soit plus de 1,5 millions de dollars US au moment de la transaction, a été enregistrée pour le transfert d'un Axie land (parcelle de terrain) au joueur Flying Falcon.
Avec The Sandbox, Axie Infinity fait partie des jeux web3 les plus populaires de ces trois dernières années.
Vers un web 4.0 ? #
Si tu es très au fait de ce qu'il se passe, peut-être as-tu déjà entendu parler d'un éventuel web 4.0 ?
Bien joué.
C'est effectivement la prochaine évolution du web qui pointe déjà le bout de son nez.
Dans cette nouvelle ère, on devrait voir apparaître :
- l'hyper-personnalisation : où les avancées de l'IA permettront une personnalisation en temps réel des services que nous utilisons, allant même jusqu'à prédire nos besoins et préférences ;
- l'intégration de l'IA dans l'IoT : rendant intelligentes les communications entre systèmes hétérogènes, supprimant parfois la nécessité de toute intervention humaine ;
- la symbiose du monde physique et digital : créant des interactions davantage sophistiquées avec le monde virtuel et encore plus utiles dans notre quotidien.
Enfin, c'est la période du web où l'utilisation des interfaces neuronales pourrait se démocratiser...
Les différents noms (déjà !) connus pour cette évolution du web sont :
- le web intelligent
- le web symbiotique.
Après cela, reste à nous d'imaginer à quoi pourrait ressembler internet au-delà de sa quatrième version majeure.
Un point sur les évolutions du web #
Retiens une dernière chose essentielle sur le web et ses évolutions.
L'émergence d'une nouvelle forme de web ne marque pas nécessairement l'extinction de l'une de ses précédentes.
Au contraire, toutes ces évolutions s'assemblent pour ne faire qu'une, et se servent parfois même les unes des autres.
Le web que l'on connait aujourd'hui est déjà une association de trois différentes saveurs. Tu peux le constater dans l'utilisation que tu en fais quotidiennement.
En consultant certains sites exclusivement pour en lire le contenu, tu navigues sur les fondements du web : le web statique.
Quand tu postes un nouveau statut, ou publie un nouveau tweet, tu utilises les avancées apportées par le web 2.0.
Enfin, lorsque tu transfères un NFT sur OpenSea , ou que tu réalises un emprunt sur un protocole de DeFi : tu navigues en plein web3.
Chaque nouvelle version du web se suit et se resssemble tout en apportant un lot de nouveautés qui la rend unique.
Faisant par la même occasion du web d'aujourd'hui celui qu'il est, et de celui de demain celui qu'il sera.
L'essentiel #
Cet épisode de Culture Crypto sur le web3 est terminé !
Retiens que ce dernier incarne une évolution d'internet où :
- la propriété digitale est remise au centre des priorités ;
- la décentralisation est au cœur de chaque application conçue ;
- la confidentialité des données des utilisateurs est considérée tout autrement ;
- les services créés seront visuellement semblables aux existants mais fondamentalement différents ;
Bien sûr, retiens également que web3 et web 3.0 sont deux notions distinctes.
Et c'est à peu près tout pour cet article !
Dans le prochain, tu découvriras un jour symbolique de l'écosystème crypto.
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