Les 4 niveaux de compréhension du Bitcoin
Tout le monde comprend le bitcoin un peu différemment. Et parfois pas qu'un peu.
Luca
12 minutes de lecture
·
À venir dans cette leçon
Tu te souviens ?
Dans l'introduction du cursus expert, je t'expliquais que ce niveau sera aussi bien technique que philosophique.
Eh bien... ça va vraiment être le cas.
Pour cette toute première leçon, on va philosopher un chouïa sur comment le monde — ou plutôt les différentes personnes le composant — voit et pense Bitcoin.
Entre autres, on va mettre les gens dans des cases.
Non pas parce que c'est juste mais simplement parce que ça facilite le raisonnement.
Cette leçon représente également une bonne mesure. Mesure avec laquelle tu pourras déterminer si tu te sens apte à poursuivre le cursus expert, ou si tu dois continuer d'affiner tes compétences en crypto dans les cursus précédents.
Tu comprendras davantage pourquoi je dis ça après t'être familiarisé avec les détails du niveau 3.
C'est parti.
Niveau 1 : Le bitcogne #
Ahhh, le tout premier niveau.
C'est le plus rigolo.
À ce niveau, certaines personnes utilisent parfois le terme bitcogne au lieu de bitcoin. Il est également courant qu'elles pensent que le bitcoin (et les cryptomonnaies en général) sont majoritairement utilisés par les hackers ou à des fins criminelles.
Elles ne savent pas que toutes les transactions sont visibles.
Elles ne savent pas ce qu'est une blockchain.
Elles ne savent pas forcément que bitcoin n'est pas la seule cryptomonnaie.
En bref, les personnes au niveau 1 n'ont aucune compréhension des cryptos, de près comme de loin.
Elles sont semblables aux nouveaux-nés.
Elles voient et ressentent.
Mais ne savent pas encore que l'on peut penser.
Encore moins que l'on peut penser à ce que l'on pense.
À ce niveau, le chemin vers la maturité bitcoinesque reste long. Très long.
Comment passer au niveau suivant ? #
Ici, prendre le temps de décortiquer la notion de cryptomonnaie et d'apprendre ce qu'est la blockchain constitue une bonne première marche à suivre.
S'éduquer sur la notion même de monnaie peut aussi s'avérer utile.
Enfin, s'informer sur comment la finance traditionnelle s'entrelace ou compte s'entrelacer avec les cryptomonnaies est primordial.
De cette façon, la personne s'exposera naturellement aux exemples relatant l'intégration des cryptomonnaies dans le monde, non pas digital, mais bien réel.
Avec le temps, l'exposition prolongée à ce type de faits dissipera au fur et à mesure bon nombre de fausses croyances qui peuvent subsister chez les personnes de ce niveau.
Une fois toutes ces actions menées, le niveau 2 sera déjà atteint et presque dépassé.
Niveau 2 : Le bitcoin est une monnaie alternative #
Ici, les choses évoluent.
Les doutes quant à l'usage licite des cryptomonnaies peuvent subsister mais globalement, les personnes à ce niveau comprennent que le bitcoin est utilisé par de vraies personnes, dans la vie réelle.
La compréhension de bitcoin en soi s'arrête au fait que celui-ci est une monnaie digitale ou numérique. Ou quelque chose comme ça. Leur idée n'est pas encore très précise mais un embryon de compréhension est tout de même formé.
Parfois, certaines personnes à ce niveau détiennent quelques notions de ce qu'est la blockchain.
Toutefois, beaucoup assument que le bitcoin est dangereux. Que c'est quelque chose que seuls les initiés peuvent comprendre et utiliser avec aisance.
La curiosité d'en savoir plus est toutefois bel et bien là, de même que l'espoir d'un jour maîtriser en profondeur ce mystérieux sujet.
Il ne leur reste plus qu'à trouver la bonne source d'information, et ces personnes s'engouffreront dans l'aventure sans fin de la compréhension du monde des cryptos.
Différences fondamentales avec le niveau 1 #
Au niveau 2, la personne comprend que le bitcoin :
- est utilisé quelque part dans le monde pour réaliser des paiements ;
- n'est pas majoritairement utilisé par des criminels ;
- est une cryptomonnaie parmi tant d'autres.
À ce niveau, il est possible que la personne détienne du bitcoin.
Avec du temps et de la pratique, les personnes de ce niveau développent généralement une meilleure compréhension du sujet et atteignent inexorablement un nouveau cap.
Cap qui est le suivant.
Niveau 3 : Le bitcoin comme outil d'indépendance financière #
C'est ici que les choses sérieuses commencent (et souvent se terminent).
Les personnes ayant atteint le niveau 3 sont pleinement autonomes et très au fait de ce que sont les cryptomonnaies — et donc le bitcoin.
La blockchain, les algorithmes de consensus, le Proof-of-Stake, la DeFi, les smart contracts : toutes ces notions sont maîtrisées. Presque aucun des concepts liés aux cryptomonnaies ne leur est inconnu.
Si un certain aspect leur échappe, elles savent où aller chercher l'information pour renforcer leurs connaissances. Et si des parties spécifiques de l'industrie (l'analyse on-chain, la crypto-comptabilité, l'audit de blockchain , etc.) ne sont pas totalement maîtrisées, c'est simplement par choix.
À ce niveau, les personnes sont généralement orange-pilled.
Elles sont conscientes de l'opportunité financière que présente le bitcoin. Elles suivent les cycles du halving avec attention et agissent en conséquence pour surfer les vagues haussières le moment venu.
La diversification (et parfois l'éparpillement) est une pratique plutôt courante.
Elles sont également conscientes de l'opportunité technologique que représente le bitcoin. Certaines sont véritablement in it for the tech et choisissent de faire du web3 leur carrière.
Ici, les personnes comprennent généralement que le bitcoin et les cryptomonnaies ne sont pas dangereux.
Tout comme un couteau posé sur une table ne représente aucun danger avant d'être manipulé par des mains non expertes, elles comprennent que pour les cryptos, c'est exactement pareil.
Seule leur mauvaise utilisation engendre des catastrophes.
Bien plus souvent que non, les personnes du niveau 3 en sont pleinement conscientes.
Personnellement, c'est ce niveau que je souhaite voir atteindre chaque étudiant navigant sur Professeur Web3.
Différences fondamentales avec le niveau 2 #
À ce niveau, la personne :
- comprend que le bitcoin est utilisé à divers effets dans le monde entier ;
- est familière avec l'histoire des cryptomonnaies ;
- fait partie d'une voire plusieurs communautés sur le sujet ;
- dispose d'une perspective parfois élégante sur l'évolution de l'écosystème crypto.
Au niveau 3, il est presque impossible que la personne ne détienne pas de bitcoin. Au pire, elle détient une crypto autre que celui-ci.
Niveau 4 : Le bitcoin, une technologie de cybersécurité étatique #
Jusqu'à récemment, je pensais que le niveau 3 serait le plus élevé.
En effet, que l'on soit davantage spécialisé dans le développement de smart contracts, dans l'audit de ces derniers, ou encore en analyse on-chain, cela ne constitue pas un niveau supérieur en soi.
Pourquoi ?
Parce que ce n'est qu'une diversification des spécialisations techniques possibles de l'écosystème crypto. Et en choisir une plutôt qu'une autre ne signifie pas que la personne concernée a une meilleure vision du bitcoin.
Cependant, si on mélange tout (tout étant la technicité, la sécurité, la politique, l'économie et plus), je pense qu'il est possible d'avoir une vision du bitcoin et de l'écosystème crypto un peu plus macro.
Et cette vision davantage affinée mérite son propre niveau : le quatrième niveau de compréhension du bitcoin.
Pour celui-ci, l'inspiration m'est venue de Jason Lowery, l'auteur du livre SOFTWAR: A Novel Theory on Power Projection and the National Strategic Significance of Bitcoin (*lien partenaire).
En découvrant sa thèse, je me suis rendu compte d'une chose : certaines personnes voient en Bitcoin bien plus qu'un "simple" outil d'émancipation financière ou d'innovation technologique.
Jason explique dans son livre et ses conférences que le bitcoin pourrait servir de technologie défensive contre les cyberattaques.
Mais pas n'importe quelles attaques : toutes les attaques.
Qu'elles soient mineures ou d'envergure.
Pour soutenir cette thèse, il part du principe que pour protéger quoi que ce soit, l'humanité a toujours opéré de la même manière : contraindre physiquement l'accès à une ressource.
Et que Bitcoin permettrait d'appliquer ce même type de contrainte au seul et unique domaine où ce n'était supposément pas le cas : la cybersécurité.
Jason insiste sur le fait que pour tout type de ressource, l'humanité est toujours parvenue à imposer une contrainte physique forte pour protéger ce qu'elle a convoité et conquis au fil du temps.
Sur terre, les frontières, les systèmes de contrôle pour celles-ci et la protection terrestre (parfois militaire) représentent les contraintes physiques empêchant quiconque de s'emparer librement d'une zone en particulier.
Dans le cas des océans, les zones maritimes, les gardes côtières ou toute autre organisation protégeant les zones marines incarnent cette même contrainte.
Dans les airs, les espaces aériens restreints, les systèmes anti-aériens et le reste des systèmes de défense forment
en partie cette contrainte.
De plus, tout appareil volant étant généralement coûteux à obtenir et utiliser, cela s'ajoute à la difficulté
d'acquisition de ce type de zone.
Dans l'espace, la création de forces spatiales autonomes, de systèmes de protection de satellites ou la sécurisation des télécommunications constituent les contraintes face aux irruptions physiques ou numériques.
Le meilleur dans tout cela c'est que, cette façon qu'a l'humanité d'opérer, crée implicitement une décentralisation des ressources. En effet, aucune nation ou pays ne dispose intégralement de quoi que ce soit.
Rien ni personne n'est en possession de tous les océans, de toutes les terres, de tous les cieux. Tout est réparti entre les différents habitants, les différents pays, les différentes nations.
Jason stipule donc que maximiser la sécurisation des systèmes d'information par l'application d'une contrainte physique forte doit, d'une manière ou d'une autre, être possible.
Et bien évidemment, il juge que ça l'est.
C'est ce que Bitcoin permettrait grâce à son Proof-of-Work — et dû au fait que le réseau se soit autant étendu. Le PoW permet de sécuriser et valider les transactions du réseau grâce à un mécanisme de résolution de calculs mathématiques complexes.
Et cette résolution s'avère être intensive en termes d'énergie.
En janvier 2025, on estime à plus de 1 200 kWh la quantité d'électricité nécessaire pour compléter une transaction bitcoin.
Sachant cela, comment Bitcoin et son PoW changent la donne ?
C'est simple. Il faut savoir que jusqu'à présent, la sécurisation de tout système d'information passait par l'ajout d'une "couche de sécurité" directement dans celui-ci. En bref, on y ajoutait du code.
Cela dans le but de prévoir et d'empêcher les intrusions.
Toutefois, comme l'expose le déluge de news sur les piratages répétés des plus grandes sociétés de ce monde, cette forme de protection est loin d'être infaillible.
Comment donc appliquer une contrainte physique si forte qu'elle rendrait tout système théoriquement invulnérable aux cyberattaques ?
Jason a une proposition : coupler l'immensité du réseau d'électricité mondial au Proof-of-Work de Bitcoin.
Évidemment, Bitcoin n'utilise pas l'intégralité du réseau électrique du globe. Il est toutefois décentralisé et adopté à un tel point qu'aucune nation ne dispose de ressources suffisantes pour le compromettre.
C'est cet élément qui fait tout la différence.
Cela ouvre une nouvelle perspective dans le domaine de la cybersécurité où il serait possible de coupler une contrainte physique forte à la sécurité informatique d'un système.
Et parce que le PoW de Bitcoin n'a jamais été compromis, une solution technique concrète l'incluant ne demande qu'à être identifiée et implémentée. Sécuriser un système d'information un tant soit peu critique de cette façon devient alors une option à sérieusement considérer.
Cela, Jason l'a très bien compris.
C'est cette réalisation même qu'il tente de transmettre au travers de son livre et de ses conférences.
Et c'est la mise en perspective de tous ces éléments de nature différente qui constitue un quatrième niveau de compréhension de Bitcoin.
Niveau où la personne pense bitcoin de manière globale et dans un intérêt plus général — non cantonné à l'indépendance financière ou aux possibles applications techniques uniquement.
Différences fondamentales avec le niveau 3 #
Forcément, plus on s'améliore dans un domaine, moins les différences entre les individus sont évidentes.
Les personnes au niveau 4 ont toutefois une vision plutôt large et haut niveau de bitcoin et de l'écosystème crypto en général.
Leur intérêt personnel peut ne pas être une priorité.
Certaines, comme Jason , vont jusqu'à envisager Bitcoin comme potentielle technologie de cyberdéfense à l'échelle étatique.
Cela implique de comprendre :
- le fonctionnement — au moins global — du protocole Bitcoin ;
- le degré de décentralisation des mineurs de bitcoins ;
- les limites actuelles de la sécurité des systèmes d'information ;
- la menace — potentiellement nationale — qu'une faille de sécurité au mauvais endroit peut représenter ;
- les enjeux géopolitiques, écologiques et économiques liés à l'établissement d'un réseau de PoW privé.
Et ?
Cela implique de faire le rapprochement de tous ces éléments les uns avec les autres. Le fait de simplement connaître ou réaliser leur importance de manière isolée n'est pas suffisant.
Les personnes véritablement à ce niveau possèdent une vision macro étoffée de bitcoin, des cryptomonnaies et des schémas dans lesquels ces outils évoluent ou peuvent évoluer.
Résumé des 4 niveaux #
Terminons sur une gradation pour tenter de simplifier les différentes visions du bitcoin que le monde partage.
Niveau 1.
— Bitcoin ? C'est un triangle.
Niveau 2.
— Bitcoin ? C'est une montagne.
Niveau 3.
— Bitcoin ? C'est le Mont-Blanc.
Niveau 4.
— Bitcoin ? C'est le Mont-Blanc, qui s'avère être une montagne culminant à exactement 4 809 mètres et qui se trouve être
le plus haut sommet des Alpes et de toute l'Europe occidentale. Aussi, cela peut être... le nom d'un dessert !
Bien.
Je pense que cette représentation est assez fidèle à l'idée que j'ai tenté de donner à chaque niveau de compréhension du bitcoin.
Et non, ce n'est pas ma version de
la tirade du nez
.
En tout temps et à tout instant, je ne cesserai de le nier.
Conclusion #
Que penses-tu de cette hiérarchisation des différents niveaux de compréhension de bitcoin ?
Est-ce qu'ils te paraissent farfelus ou bancals ?
Ou bien, est-ce que tu y adhères ?
Entrevois-tu un éventuel niveau 5, ou même... un niveau 0 ?
Ton avis m'intéresse !
Exceptionnellement pour cette leçon, j'ai créé un salon sur le Discord pour que tu puisses partager ton opinion. N'hésite pas à le faire.
À très bientôt !
↑un Tip ou un crypto-don
