Qu'est-ce que la tokenomics ?

Tout projet crypto qui se respecte en définit une.

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Luca
8 minutes de lecture ·

4 bulles liées horizontalement avec différents pourcentages représentant une tokenomics. Un bitcoin est visible en fin de chaine.

Information sur cette leçon

Tu es sur le point de lire la leçon n° 11 du niveau intermédiaire.
Avant de poursuivre, je recommande d'avoir lu :

  1. Qu'est-ce qu'une blockchain ?
  2. Qu'est-ce qu'un jeton (ou token) ?

Si tu es déjà à l'aise avec ces notions, c'est parfait.
Bonne lecture !

La tokenomics.

Ce terme assez curieux — qui en mixe clairement deux autres — est une autre notion importante à connaître dans l'univers crypto.

Cette courte leçon t'aidera à tout comprendre là-dessus.

Définition de la tokenomics #

Fusion des termes token et economics (la science étudiant la production, distribution et consommation de biens et services), la tokenomics décrit la structure économique d'un token.

En d'autres termes, elle t'indique comment il sera émis, distribué, et utilisé dans la durée par le projet à son origine.

Les sections qui suivent décortiquent la composition d'une tokenomics ainsi que l'importance pour tout projet crypto d'en avoir une (qui tient la route).

Composantes clés d'une tokenomics #

L'offre totale, l'offre en circulation et l'inflation #

Ces trois premières composantes sont absolument essentielles à toute tokenomics.

Voici en quoi elles consistent.

L'offre totale : elle désigne le nombre maximum possible d'unités de la cryptomonnaie. Dans le cas de bitcoin par exemple, on sait qu'il n'y en aura jamais plus de 21 millions. C'est l'offre totale, aussi appelée total supply.

L'offre en circulation (circulating supply en anglais) : elle désigne le nombre d'unités de la cryptomonnaie qui sont en circulation à l'instant T. Bien que le nombre de bitcoins soit plafonné à 21 millions, tous ne sont pas encore accessibles (minés, dans ce cas). En juillet 2025, le nombre de bitcoins en circulation est d'environ 19,89 millions.

L'inflation : représente la vitesse à laquelle les unités d'un token sont créées dans la durée. Pour reprendre le cas de bitcoin, en juillet 2025, 450 BTC sont minés (créés) chaque jour, ce qui fait 164 250 par an. L'inflation du bitcoin sur cette année est donc de 0,82 %.

Le calcul exact pour l'inflation est le suivant :
(164 250 / 19 895 000) x 100 = 0,82 %.

Ce calcul est d'ailleurs le même pour pratiquement toutes les cryptos.

Divise le nombre de jetons produits annuellement par l'offre en circulation et tu obtiendras l'inflation en multipliant le tout par cent.

Note : Des sites comme CoinGecko ou CoinMarketCap te permettent d'accéder aux informations concernant l'offre totale et l'offre en circulation de la quasi-totalité des tokens qui existent.

Mécanismes de distribution #

Une composante additionnelle d'une tokenomics décente est le mécanisme de distribution du token en question.

En théorie, il en existe des dizaines.

Dans la pratique, seule une poignée d'entre eux sont utilisés par l'intégralité des projets, ou presque.

Je suis sûr que tu en connais déjà certains.

Les ICO.

Une ICO (pour Initial Coin Offering) se rapproche d'une levée de fonds dans le contexte des cryptomonnaies. Les porteurs d'un projet rendent possible l'achat de leur token au grand public dans l'espoir d'attirer du capital.

Cette méthode a connu un pic de popularité en 2017.

Note : Il existe des variantes des ICO telles que les IDO, IEO ou encore INO. Toutes reposent sur les mêmes principes : la mise à disposition des jetons de manière prématurée et réservée. Leurs différences proviennent des plateformes utilisées (DEX, CEX) ou du type de jetons proposés (NFT ou crypto traditionnelle).

Les airdrops.

Un airdrop est un événement où les fondateurs d'un projet crypto décident d'envoyer gracieusement une certaine quantité de jetons à des utilisateurs ayant accompli des actions spécifiques.

Certains airdrops se font également sans qu'aucune action préalable ne soit requise. Ils sont toutefois plus rares.

L'allocation différée (vesting en anglais).

Troisième mécanisme très utilisé : le vesting.

Il consiste en un débloquage partiel sur la durée des jetons envoyés aux premiers investisseurs d'un projet. Un vesting traditionnel s'étend généralement sur trois ou quatre ans.
C'est au terme de cette période que la totalité des jetons reçus deviennent complètement utilisables (peuvent être vendus ou échangés).

Ces mécanismes de distribution peuvent être considérés comme étant "directs". Il existe aussi des mécanismes de distribution indirects qui nécessitent une implication plus importante de l'utilisateur.

Je pense notamment aux récompenses de staking, à celles octroyées par le minage, ou encore, par le fait d'être actif sur un Play-to-Earn.

Note : Tu as peut-être entendu parler du mécanisme de burning de tokens. C'est un procédé qui permet de contrôler l'inflation d'un jeton et non un mécanisme de distribution.

Utilités du token #

La dernière composante d'une tokenomics, mais pas des moindres, est l'utilité du token.

Un token sans utilité, bien souvent, est considéré comme un memecoin. La tokenomics d'un projet respectable se doit donc d'expliquer un minimum les utilités de la crypto créée.

Ces utilités peuvent être classées en cinq différentes natures.

Comme expliqué dans la première leçon de niveau intermédiaire, un même token peut avoir plusieurs natures.

L'importance de la tokenomics #

Une tokenomics claire et bien structurée reflète la vision et le plan des créateurs d'un projet crypto.

Si la tokenomics n'est pas soigneusement élaborée — ou pire, absente —, il est probable que ses créateurs n'aient pas de réelle idée quant à l'écosystème qu'ils souhaitent construire autour de leur crypto.

L'écosystème est un élément décisif pour la survie sur le long terme du projet.

Sans tokenomics, ou avec une tokenomics bancale, le projet tout entier est en péril avant même son lancement.

Cela dit, même avec une tokenomics bien conçue, l'avenir du projet n'est pas assuré. Elle renforce la confiance dans celui-ci, mais nécessite une exécution solide et une réelle adoption.

Exemples de vraies tokenomics #

Cette dernière section te présente quatre tokenomics : deux qui ne sont pas de bons exemples, et deux autres qui en sont.

Les tokenomics ratées #

1) BitConnect.

Le légendaire BitConnect si je puis dire.

Dans le cadre de ce projet, l'utilité supposée du jeton était de gagner des intérêts via des plateformes de prêts.

La vérité était toute autre.

Le véritable mécanisme était basé sur un Ponzi (un système où l'argent des nouveaux participants rémunérait les précédents). Le projet s'est naturellement effondré en 2018 avec poursuites légales en prime.

Note : Si tu ne connais pas encore l'histoire de ce projet, j'y dédierai bientôt un épisode de Culture Crypto.

2) Internet Computer.

Le projet Internet Computer est plus qu'ambitieux : créer un internet décentralisé.

L'équipe derrière est talentueuse et a même reçu le soutien financier d'a16z et Polychain — des VCs extrêmement influents. Ces derniers ont perçu un grand nombre de tokens du projet, et ce, à des prix extrêmement avantageux.

Le problème ? La tokenomics n'était pas à la hauteur.

Les faiblesses viennent du fait que les premiers arrivants sur le projet avaient des périodes de lock-up très courtes et qu'il n'y avait quasiment aucun vesting.

Conséquence ?

Après avoir lancé leur token à plus de 700 dollars US l'unité, il a connu une dépréciation de l'ordre de 90 % en tout juste un mois.

La tokenomics employée n'a pas permis de protéger le prix du token dans la durée. Quatre ans après son lancement, bien que le projet soit toujours très actif, le prix du jeton est encore sous la barre des 10 dollars.

Les tokenomics réussies #

1) Ethereum.

Ce projet n'est plus à présenter.

La tokenomics d'Ethereum est bien ficelée et elle continue de porter ses fruits aujourd'hui.

Principalement grâce à :

2) Aave.

Là encore, ce projet a fait preuve d'une tokenomics exemplaire.

Avec Aave, les jetons :

De plus, les utilisateurs sont naturellement encouragés à participer à la sécurité et à la gouvernance du projet grâce à des incentives telles que le minage de liquidité, l'introduction des Safety Modules et les récompenses de staking.

Note : Si tu n'es pas familier avec le concept de Safety Module de Aave, de manière simplifiée, vois-le comme un fonds de garantie décentralisé qui permet de couvrir les éventuelles pertes financières du protocole.

Conclusion #

Tu viens de faire le tour de la notion de tokenomics.

Retiens principalement qu'elle :

À la prochaine leçon !

FAQ

Quelle différences entre tokenomics et whitepaper ?

La tokenomics détaille la structure économique du projet crypto quand le whitepaper le présente dans sa globalité (fonctionnalités, utilités, etc).

Qu'est-ce qu'un vesting en crypto ?

Le vesting est une période où les bénéficiaires d'une cryptomonnaie obtiennent progressivement le droit d'utiliser pleinement leurs jetons. Ce mécanisme sert de protection en empêchant la vente immédiate de la totalité des jetons reçus dès leur attribution.

J'ai trouvé un projet sans tokenomics, est-ce grave ?

Un projet sans tokenomics a de fortes chances de ne pas être un projet sérieux. Une tokenomics traduisant la vision et la stratégie des fondateurs du projet en question, si elle est absente, c'est mauvais signe.

Est-ce qu'une tokenomics d'un projet en cours peut être modifiée ?

Oui, mais cela doit généralement être approuvé par la communauté. En fonction des raisons de ce changement, il sera pertinent d'être davantage vigilant sur l'évolution du projet en question.

Comment reconnaître une bonne tokenomics ?

Au-delà de connaître les points majeurs d'une tokenomics à analyser, l'absence d'éléments négatifs ne garantit rien. Une tokenomics décente ne veut pas nécessairement dire que le projet en soi sera un succès. Elle le rapproche de cet état, mais ne le garantit pas.

Progression du cursus Leçon 11 / 14

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